BRUXELLES / PNN /

Dans un tournant diplomatique historique, la Dre Amal Jado Shakaa, ambassadrice de l’État de Palestine auprès de la Belgique, du Luxembourg et de l’Union européenne, a officiellement présenté ses lettres de créance au président du Conseil européen, António Costa, ainsi qu'à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

La cérémonie officielle s’est tenue mercredi après-midi au bâtiment Europa, siège du Conseil européen à Bruxelles. Organisée à 17 heures, l'événement a réuni des hauts responsables du Secrétariat du Conseil, de la Commission européenne et du Service européen pour l’action extérieure. Une réception brève a suivi, rassemblant les chefs des institutions européennes, des membres de leurs équipes ainsi que des représentants de haut niveau de l’UE.

Il s’agit de la première fois qu’un ambassadeur palestinien remet ses lettres de créance à l’Union européenne avec un tel niveau de reconnaissance diplomatique — une étape majeure dans le renforcement des relations entre la Palestine et l’UE.

Les responsables européens ont salué cet événement comme un signe d’engagement mutuel en faveur d’un approfondissement de la coopération politique, économique et humanitaire.

Interrogé par la BBC, le journaliste accrédité auprès de l’UE, Dr Hussein Al-Waeli, a déclaré que la détérioration des relations israélo-européennes était attendue, en particulier à la lumière des efforts conjoints récents de la France, du Royaume-Uni et du Canada pour imposer des sanctions à Israël et adopter une position plus ferme.

Al-Waeli a révélé qu’au cours d’un échange avec un ministre européen des Affaires étrangères, celui-ci avait qualifié la situation à Gaza de « catastrophe humanitaire » et confirmé que l’UE œuvrait à formuler une position commune sous l’égide du bloc. Cela inclut, à l’exception d’un seul État – la République tchèque – un soutien unanime à un cessez-le-feu et à l’entrée urgente de l’aide humanitaire.

« Ce revirement est significatif », a-t-il souligné, mettant en lumière le caractère inédit de l’accueil et de la reconnaissance de l’ambassadrice Jado par le président Costa et la présidente von der Leyen. « Cela marque un tournant majeur dans la manière dont l’Europe perçoit la représentation diplomatique palestinienne », a-t-il ajouté.

Il a qualifié cet événement de « précédent historique » et de développement diplomatique de grande envergure, plaçant l’émissaire palestinienne sur un pied d’égalité avec les ambassadeurs des États reconnus auprès de l’UE, à un moment où les dirigeants européens débattent ouvertement de mesures à prendre contre Israël.

Évoquant les récentes attaques contre des diplomates à Jénine, Al-Waeli a estimé que la colère israélienne face à la reconnaissance de l’ambassadrice Jado était palpable. Il a affirmé que ces attaques reflétaient l’agacement d’Israël face à une pression diplomatique européenne et occidentale croissante exigeant la fin de la guerre et l’entrée sans restriction de l’aide humanitaire à Gaza.

« Cette reconnaissance diplomatique s’inscrit dans un changement plus large en Europe », a-t-il conclu, « et intervient alors que les appels à un arrêt de la campagne militaire israélienne se multiplient ».