BETHLÉEM / PNN – Rapport de Rana Oweineh​

Dans une initiative volontaire et collaborative, un groupe de journalistes arabes issus de quatre pays a lancé une nouvelle plateforme médiatique dédiée au changement climatique et aux questions environnementales.​

Intitulée « Journalistes Arabes pour le Climat », cette plateforme est hébergée, conçue et soutenue techniquement par le Palestine News Network (PNN), l'un des partenaires fondateurs. L'équipe comprend des journalistes de Jordanie, d'Irak, du Liban, de Syrie et de Palestine.​

Le lancement du site fait suite à deux années de travail collaboratif lors des sommets COP28 à Dubaï et COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. Les journalistes participants ont été impliqués dans la couverture médiatique dans le cadre du projet « Qareeb », mis en œuvre par l'Agence française de développement des médias (CFI) et financé par l'Agence française de développement (AFD). Le directeur de PNN, Munjed Jadou, a dirigé l'exécution technique et éditoriale du site.​

Jadou a expliqué que la plateforme est née de la prise de conscience, lors de leur couverture des COP, d'un besoin pressant d'une voix médiatique arabe unifiée se concentrant sur les impacts régionaux du changement climatique.​

« Les rapports des organisations internationales dressent un tableau sombre de l'avenir climatique de la région arabe », a déclaré Jadou. « En tant que journalistes, nous avons ressenti le devoir de sensibiliser le public et de pousser les gouvernements à reconnaître et à traiter cette réalité. »​

Le projet vise à favoriser la collaboration journalistique en Irak, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Palestine, avec l'espoir d'élargir l'initiative pour inclure des journalistes d'autres pays arabes.​

« Nous espérons que la Ligue arabe et les donateurs régionaux reconnaîtront l'importance de soutenir le journalisme climatique dans le monde arabe », a ajouté Jadou. « Nous exprimons également notre gratitude envers le CFI pour nous avoir donné l'opportunité de nous connecter, de collaborer et d'assister aux conférences sur le climat. Sans leur soutien, cette initiative n'aurait pas vu le jour. »​

Les journalistes s'unissent au-delà des frontières

Mohammed Al-Basem, journaliste irakien, a salué le lancement de l'initiative, la décrivant comme une étape nécessaire pour mettre en lumière les crises environnementales auxquelles sont confrontées les sociétés arabes.​

« Il s'agit d'un effort volontaire et transfrontalier visant à faire des journalistes arabes un outil de sensibilisation et de protection de l'environnement », a déclaré Al-Basem. « En Irak et dans toute la région, nous avons un besoin urgent d'une action collective — non seulement dans le journalisme climatique mais dans l'ensemble du paysage médiatique. »​

Il a souligné que le projet fonctionnerait comme une plateforme professionnelle produisant du contenu abordant les dommages environnementaux tout en explorant des solutions aux défis écologiques et climatiques de la région.​

De son côté, la journaliste irakienne Istabraq Al-Zubaidi a déclaré que l'idée de l'initiative est née après qu'un groupe de journalistes arabes se soit réuni lors des deux derniers sommets climatiques des Nations Unies. Le travail sur le projet a commencé au début de cette année, le site web étant développé, conçu et alimenté par des rapports de plusieurs pays arabes.​

Al-Zubaidi a expliqué que les journalistes participants se sont unis autour de la question cruciale de la protection du climat et de l'environnement, partageant tous un profond intérêt pour le sujet. Elle a souligné la nécessité de sensibiliser le public grâce au rôle essentiel du journalisme dans la transmission des faits et des informations aux communautés arabes, ajoutant que les efforts collectifs et la collaboration continue sont essentiels pour servir les intérêts des populations de la région.​

Elle a également souligné l'importance de l'initiative et l'engagement requis de tous les journalistes participants, appelant à une coopération continue avec les institutions concernées pour assurer son succès.​

La journaliste libanaise Hala Nasruddin a exprimé son enthousiasme à l'idée de rejoindre l'initiative, soulignant l'importance de mettre en lumière les histoires environnementales peu médiatisées à travers le monde arabe.​

« Dans une région consumée par les troubles politiques, les questions environnementales passent souvent inaperçues », a-t-elle déclaré. « Grâce à ce réseau, nous visons à collaborer au-delà des frontières et à faire en sorte que le changement climatique ne soit plus négligé. »​

Nasruddin a exhorté les publics arabes à suivre la plateforme, notant qu'elle promet un journalisme professionnel et transparent engagé dans la préservation de l'environnement à travers la région.​

La journaliste jordanienne Shifa Qudah, reporter indépendante, a décrit sa première collaboration avec des collègues journalistes arabes lors de la COP28 à Dubaï comme transformative. Leurs discussions tournaient souvent autour du manque de couverture climatique dans les médias arabes.​

« Malheureusement, nos médias se concentrent sur les crises politiques tout en ignorant les questions climatiques et environnementales », a déclaré Qudah. « Lors de la COP29 en Azerbaïdjan, nous sommes parvenus à un consensus pour établir ce réseau et donner une plateforme à notre cause. »​

Elle a exprimé sa fierté de rejoindre l'effort et espère qu'il ouvrira la voie à un journalisme environnemental collaboratif et durable dans la région.​

Qudah, qui s'intéresse particulièrement à l'intersection du climat avec l'alimentation, la santé et la vie quotidienne, estime que l'initiative offre un espace partagé aux journalistes arabes pour échanger des connaissances et améliorer leurs compétences en matière de reportage climatique.