Ramallah /PNN/
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS) a publié un rapport alarmant dénonçant des attaques « délibérées et systématiques » contre les journalistes palestiniens. Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza le 7 octobre 2023, 210 journalistes ont été tués, et 664 membres de leurs familles ont également péri, selon l’organisation.
Le rapport, rédigé par Mohammad Abdel Nabi Al-Lahham, président du Comité des libertés médiatiques du syndicat, recense également 178 blessés graves parmi les journalistes et 226 ayant survécu à des tirs à balles réelles. L’organisation parle de preuves « irréfutables » de crimes visant la presse, recueillies à partir de données de terrain vérifiées.
« Il ne s’agit pas de dommages collatéraux. Les journalistes sont directement ciblés — dans leurs bureaux, leurs maisons, jusque dans les tentes autour des hôpitaux », a déclaré Al-Lahham.
Tués « par tous les moyens »
Le rapport accuse les forces israéliennes de viser délibérément les journalistes à l’aide de missiles, d’obus, de drones, de balles réelles, de gaz toxiques et de grenades assourdissantes. Depuis le 7 octobre 2023 jusqu’à début mai 2025, 210 journalistes auraient été tués.
Le PJS met en cause l’ensemble de l’appareil israélien — armée, dirigeants politiques, colons, tribunaux et médias — dans ce qu’il qualifie d’« attaque coordonnée » contre la liberté de la presse dans les territoires palestiniens occupés.
90 journalistes tués chez eux, 29 dans des tentes
Face aux bombardements qui ont détruit de nombreux bureaux de presse dès les premiers jours de la guerre, les journalistes ont été contraints de travailler depuis leur domicile. Quelque 90 d’entre eux y ont trouvé la mort, dont la journaliste Hiba Al-Abadleh, tuée avec sa fille et sa mère à Khan Younès, le 9 décembre 2023.
Plus tard, nombre de journalistes déplacés ont installé des tentes autour des hôpitaux, pensant y être en sécurité. Pourtant, 29 d’entre eux ont été tués dans ces abris de fortune, notamment lors d’une frappe le 7 avril 2025 sur une tente près de l’hôpital Nasser, qui a coûté la vie au reporter Helmi Al-Faqaawi.
Les familles aussi ciblées
Le syndicat affirme que 152 habitations appartenant à des journalistes ont été détruites, provoquant la mort de 664 proches. Dans un seul bombardement, la famille du journaliste Motaz Azaiza a perdu 26 membres.
« Être journaliste est devenu une condamnation à mort, non seulement pour ceux qui exercent ce métier, mais aussi pour leurs proches », déplore le rapport.
Des blessures graves par balles
Alors que les grenades lacrymogènes étaient autrefois un moyen de dispersion, les blessures par éclats d’obus et balles réelles sont désormais plus fréquentes. Le photographe Sami Shahadeh a perdu une jambe en avril 2024 dans le camp de Nuseirat. Le journaliste de la BBC arabe Ahmad Al-Agha et le photographe Ehab Al-Radaini ont également été grièvement blessés ces derniers mois.
226 journalistes auraient été ciblés par des tirs directs en Cisjordanie et à Gaza.
Arrestations arbitraires et disparitions forcées
Le syndicat a recensé 139 arrestations de journalistes, souvent sans procès ni accès à un avocat. Certains, comme Nidal Al-Wahidi ou Haitham Abdul Wahid, restent portés disparus. D’autres sont soumis à la torture, à des interrogatoires abusifs et à des privations de soins médicaux.
110 médias détruits ou fermés
Le rapport accuse Israël de détruire systématiquement les bureaux de médias. Plus de 110 institutions ont été démolies ou interdites d’activité, y compris les bureaux d’Al Mayadeen, d’Al Jazeera et de la télévision palestinienne à Jérusalem.
825 cas d’entrave au travail journalistique
Le PJS a enregistré 825 incidents où des équipes de presse ont été empêchées de travailler, détenues ou agressées. Du matériel a été saisi ou détruit, et des journalistes frappés, insultés et menacés.
Attaques de colons et tentatives de renversement
Les colons israéliens sont aussi accusés de violences croissantes contre les journalistes : coups, tirs et incitation à la haine en ligne. Le rapport évoque également plusieurs tentatives délibérées de renverser des journalistes avec des véhicules militaires.
Une méthode systématique
Le rapport conclut que les autorités israéliennes appliquent une stratégie méthodique de répression contre les journalistes palestiniens, incluant des interdictions de voyage, des procès militaires arbitraires, des amendes abusives et l’interdiction de couvrir Jérusalem-Est et l’esplanade des Mosquées.
Le Comité pour les libertés médiatiques appelle à la création d’une enquête internationale indépendante, à une pression urgente pour la libération des journalistes détenus et à l’accès aux soins médicaux pour les blessés.
Le syndicat demande enfin la poursuite des responsables israéliens devant la justice internationale et exige une protection internationale pour les journalistes et les médias dans les territoires occupés.
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