Gaza / PNN /

Abier Almasri, Assistante de recherche, Division Moyen-Orient et Afrique du Nord

Les frappes aériennes israéliennes à Jenin, dans la Cisjordanie occupée, au début du mois de juillet m'ont rappelé les nuits pendant les périodes d'hostilités à Gaza où ma famille et moi nous inquiétions de ne pas survivre jusqu'à l'aube. Le récent déclenchement des hostilités à Gaza en mai pourrait avoir été oublié par beaucoup, mais les blessures sont encore vives.

Les personnes handicapées restent parmi les plus touchées. Le 13 mai, un officier israélien a ordonné à la famille Nabhan d'évacuer ses maisons dans le camp de réfugiés de Jabalya en l'espace de trois minutes. Ils logeaient au moins 40 membres de leur famille élargie, dont cinq personnes handicapées.

Najah, 50 ans, a supplié d'aider à évacuer ses filles Haneen et Areej, qui ont des handicaps physiques et intellectuels. Les voisins ont rapidement emmené les jeunes femmes en sécurité. Avant d'avoir le temps de récupérer le fauteuil roulant de Haneen, une frappe aérienne israélienne a réduit en poussière leur immeuble de quatre étages. "Je ne veux rien d'autre que de retrouver notre maison", m'a dit Haneen, 19 ans, plus tard.

Haneen a dit qu'elle se sent "isolée du monde" sans son fauteuil roulant, le qualifiant de chose la plus importante de sa vie. Areej a du mal à dormir en raison du bourdonnement constant des drones israéliens au-dessus. "Nous allons mourir, maman !" a-t-elle crié une fois.

L'escalade a commencé le 9 mai, lorsque l'armée israélienne a visé les maisons de trois commandants du Jihad islamique, les tuant ainsi que 10 membres de leur famille et de leurs voisins, dont 4 enfants.

Les cinq jours qui ont suivi ont été marqués par des frappes aériennes israéliennes et des attaques de roquettes palestiniennes. Au moins 33 Palestiniens à Gaza, dont au moins 12 civils, et 2 civils en Israël ont été tués, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Près de 3 000 logements palestiniens ont également été endommagés, selon les autorités de Gaza.

La fermeture de Gaza par Israël en est maintenant à sa dix-septième année. Human Rights Watch a documenté que ces restrictions draconiennes de mouvement, parfois exacerbées par des politiques restrictives des autorités palestiniennes, entravent l'accès aux dispositifs d'assistance, aux soins de santé et à l'électricité essentielle pour de nombreuses personnes handicapées. Les coupures de courant chroniques mettent en péril en particulier les droits de nombreuses personnes handicapées qui ont besoin de lumière pour communiquer en langue des signes, ou de matériel alimenté par l'électricité pour se déplacer, notamment les ascenseurs et les scooters de mobilité électriques.

Les bombardements ont peut-être de nouveau cessé, mais pour Haneen et Areej, qui ont perdu leur maison familiale en un instant et l'aide technique qui les aidait à mener une vie plus indépendante et digne, les hostilités n'ont pas pris fin.