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Un artiste palestinien transforme les murs du camp en toile de résistance

Publié le: 18-09-2025 | Colonisation , Art-Société-Médias , PNN TV REPORTS
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Bethléem / PNN –

Sur les murs des maisons du camp et le long de la barrière de béton qui sépare Aïda de Jérusalem, des fresques colorées racontent l’histoire du siège, de l’exil et de l’espoir. Certaines évoquent la nostalgie des villages d’origine, d’autres la souffrance des familles de prisonniers – beaucoup portent des messages de résilience et d’appel au monde à reconnaître la détresse palestinienne.

Pour l’artiste palestinien Abdallah Hammad, né et élevé dans le camp d’Aïda, l’art dépasse l’esthétique : c’est un outil de survie, de mémoire et d’expression politique.

« Chaque fresque a sa propre histoire, chaque mur une voix différente », explique-t-il. Ses œuvres s’inspirent largement de l’héritage palestinien, de la mémoire collective et des symboles nationaux. « Par l’art, j’essaie de préserver l’identité et de faire résonner la voix du camp au-delà de ses murs. »

Des murs des maisons à la barrière de séparation

Hammad a commencé avec de simples dessins réalisés avec des amis sur les murs de sa maison et des habitations voisines. Ses premières œuvres faisaient souvent référence au droit au retour et au village originel de sa famille, ‘Allar, dont ses grands-parents ont été expulsés en 1948.

Lorsque la barrière de séparation israélienne a été érigée aux abords du camp, il y a vu une immense toile blanche. Ce mur, devant lequel passent chaque jour des milliers d’habitants, d’activistes internationaux et de touristes étrangers, s’est transformé en galerie permanente à ciel ouvert.

« Il est impossible pour les visiteurs de passer sans voir notre réalité, dit-il. Ces peintures sont l’un des moyens de transmettre le message palestinien.»

Soutien local et liens internationaux

Les organisations du camp, notamment le Comité populaire des services, ont salué son travail et lui ont commandé des fresques destinées à des villes françaises jumelées avec Aïda. Le centre de jeunesse d’Aïda a également collaboré avec lui pour produire des œuvres à thématique nationale reflétant les luttes des réfugiés palestiniens et le sort des familles de prisonniers.

L’art comme outil pour la nouvelle génération

Pour Hammad, l’art ne doit pas rester confiné aux galeries. « L’art doit vivre dans les rues, parmi les gens, au plus près d’eux », affirme-t-il.

Il intègre à ses fresques des éléments comme le blé noir, une culture traditionnelle palestinienne aujourd’hui largement oubliée, afin de reconnecter les jeunes avec des aspects méconnus de leur patrimoine. Il organise aussi régulièrement des ateliers informels pour initier enfants et adolescents à la peinture.

« Je veux qu’ils goûtent à l’art, qu’ils découvrent qu’il peut être leur outil d’expression », dit-il.

Obstacles et persévérance

Comme beaucoup d’artistes vivant dans les camps de réfugiés, Hammad est confronté à des difficultés : manque de matériel, d’espaces de travail, et parfois réticence de certains habitants face à de nouvelles formes d’expression. Mais il continue.

« L’art n’est pas un luxe, insiste-t-il. C’est un moyen de survivre, de raconter notre histoire. »

Cette histoire a été réalisée dans le cadre du programme Qarib, mis en œuvre par l’agence française de développement des médias CFI, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD).

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