GAZA / PNN –
À Gaza, la misère s’aggrave jour après jour. Les familles endeuillées et les enfants n’ont aucun répit, aucun espace pour jouer ou souffler : leur seule préoccupation est désormais de survivre.
Dans les tentes surpeuplées de veuves et d’enfants, la quête quotidienne de morceaux de pain sec s’est transformée en lutte pour la vie. Pour de nombreuses familles, en particulier les femmes ayant perdu leur mari dans la guerre israélienne contre Gaza, l’objectif unique est de trouver un peu de pain et d’eau pour rester en vie.
La famille de Nadia Abou Arar fait partie de ces innombrables foyers pris dans l’engrenage. Son mari a été tué, laissant les enfants sans soutien. Devenue veuve, elle dit être incapable de couvrir les besoins essentiels de ses enfants dans une guerre qui n’épargne ni jeunes ni vieux. Avec la raréfaction de la nourriture et de l’eau potable, même le pain est devenu une denrée de survie.
Pour son fils Mohammed, l’enfance a laissé place au rôle de soutien de famille. Au lieu d’être à l’école ou de jouer, il erre parmi les décombres et les rues à la recherche de pain sec pour nourrir ses frères et sœurs.
Nadia raconte sa tragédie. Elle vit dans une tente qu’elle partage avec cinq autres veuves et une vingtaine d’enfants. La nuit, l’exiguïté les étouffe : corps serrés les uns contre les autres, pieds emmêlés, sans air, sans nourriture ni eau. « Nous attendons le matin uniquement pour échapper à la suffocation », confie-t-elle.
Le jour venu, les enfants partent chercher des restes de pain abandonnés par d’autres. Ils se déplacent en groupe, souvent dans des ruelles exposées au danger des bombardements. Parfois, ils fouillent même dans les tas d’ordures, espérant ramener de quoi faire subsister leurs cadets.
Nadia se souvient d’un jour dévastateur où ses enfants sont revenus sans sa fille cadette, disparue lors de leur quête. Depuis, elle parcourt les rues et les ruines des maisons bombardées pour la retrouver. Un jour, raconte-t-elle, la fumée d’une frappe israélienne proche lui a brûlé le visage.
Son fils Mohammed, le visage marqué par la faim et l’épuisement, explique que lui et ses frères et sœurs en ont assez de manger ce pain sec ramassé près des ordures. « Ce pain nous rendra malades. Nous n’en voulons pas, mais nous n’avons pas le choix », dit-il en retenant ses larmes. Sa seule demande : « Nous voulons juste du pain frais, de la farine, de la nourriture et de l’eau. Nous sommes fatigués de cette guerre. »
Le sort de Mohammed reflète celui de milliers d’enfants à Gaza. Pour leurs mères, comme Nadia, le désespoir est écrasant. « Dieu est notre seul témoin contre ceux qui nous ont infligé cela. Nous n’avons ni nourriture ni eau pour survivre », dit-elle.
Une autre veuve, Oum Rami Abou Arar, a perdu son mari et ses fils adultes qui faisaient vivre la famille. Elle partage désormais la tente avec Nadia et d’autres. « La vie ici est insupportable », confie-t-elle, évoquant la promiscuité et le manque total de ressources. Chaque matin, elle envoie les enfants par groupes avec des sacs en plastique pour collecter du pain, en leur demandant de rester ensemble pour plus de sécurité. À leur retour, ils grillent les morceaux au feu, tentant de les désinfecter, et parfois les saupoudrent de sel pour masquer l’odeur.
Aujourd’hui, plus d’un million d’enfants vivent à Gaza dans des conditions humanitaires catastrophiques depuis le déclenchement de la guerre, le 7 octobre 2023.
Selon les agences des Nations unies, les enfants sont les plus touchés : beaucoup ont perdu leurs parents ou des proches et passent leurs journées à chercher une croûte de pain ou de l’eau contaminée pour survivre. Des experts de la santé avertissent que la dépendance au pain sec et à des aliments impropres expose à la malnutrition aiguë, à la déshydratation et à des maladies graves.
Avec le blocus qui s’intensifie et les stocks de nourriture et d’eau potable presque épuisés, les organismes de l’ONU alertent que la moitié de la population de Gaza est confrontée à une insécurité alimentaire extrême, tandis que des dizaines de milliers de personnes risquent déjà la famine.
Cette histoire a été produite dans le cadre du programme Qarib, mis en œuvre par l’agence française de développement des médias CFI et financé par l’Agence française de développement (AFD).
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