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Hébron : Une ancienne boucherie transformée en bibliothèque devient un refuge d’espoir pour les enfants

Publié le: 30-07-2025 | Armée-Violences-Attentatss , PNN TV REPORTS
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Hébron / PNN / 

Dans les ruelles sinueuses de la vieille ville d’Hébron, entre des murs de pierre vieux de plus de 300 ans, un lieu unique bat au rythme de la vie et de l’espoir. Chaque jour, Abeer Al-Usaila, un livre illustré à la main, avance d’un pas assuré, entourée d’un groupe d’enfants. La scène se répète quotidiennement, mais elle n’a rien de banal : une femme conduit une petite caravane de rêves vers une bibliothèque qu’elle a reconstruite, pierre après pierre, avec une âme nouvelle.

D’un lieu de subsistance à un sanctuaire de connaissance

Originaire de la vieille ville, Abeer Al-Usaila n’a pas accepté de voir le local hérité de sa famille — autrefois une boucherie — rester fermé et abandonné. « J’ai décidé de lui redonner vie, mais à ma manière », confie-t-elle, en dépoussiérant une étagère remplie de livres pour enfants.

Avec des moyens modestes et le soutien de quelques amis, elle entame un long travail de restauration. Il ne s’agissait pas seulement de rénover un vieux bâtiment, mais de raviver une mémoire, une identité, et un lieu promis à l’oubli. Elle en fait une bibliothèque petite par sa taille, mais grande par sa vitalité.

« Ce n’est pas juste une bibliothèque. C’est un lieu sûr pour les enfants », explique-t-elle. L’endroit, qui abrite désormais des dizaines de livres jeunesse, est devenu un espace d’apprentissage, d’expression et de rencontres. Abeer y organise des ateliers de lecture, de dessin, des spectacles de marionnettes, des rencontres éducatives et des activités créatives pour les enfants vivant dans des quartiers sensibles de la vieille ville, souvent marqués par les pressions de l’occupation et des conditions de vie difficiles.

Son ambition est aussi de redonner goût à la lecture papier, à l’heure du numérique. « Ouvrir cette bibliothèque, c’est réaliser un rêve d’enfance », dit-elle. « J’ai toujours aimé lire, et j’ai grandi dans les bibliothèques. Il n’y en avait aucune dans la vieille ville. Aujourd’hui, c’est chose faite. »

Un espace, trois missions

La bibliothèque se divise en trois sections : une dédiée à la vente et à l’échange de livres, une autre à la lecture sur place, et une troisième réservée aux activités pour enfants. En partenariat avec le réseau des bibliothèques de Cisjordanie et la Fondation Tamer pour l’éducation communautaire, elle propose des animations régulières : lecture d’un conte, discussion autour d’un livre, puis activité créative inspirée du récit, comme un dessin ou une fabrication en papier.

Dans les recoins colorés de la bibliothèque, les rires d’enfants résonnent. Rafif Al-Harbawi, 8 ans, témoigne : « Je viens à la bibliothèque depuis longtemps. Miss Abeer nous lit des histoires, et ensuite on dessine ou on joue la scène. Comme l’histoire de Miaou Miaou ! J’ai appris à dessiner et à faire plein de choses amusantes. »

Mariam Al-Muhtasib, 10 ans, ajoute avec fierté : « J’adore venir ici, et Miss Abeer m’a appris tellement de choses. Maintenant, je crée des objets à la maison et ma chambre est devenue magnifique. Sans ces activités, je ne saurais rien faire de tout cela. »

Une bibliothèque comme acte de résistance culturelle

Abeer ne voit pas les enfants comme de simples bénéficiaires, mais comme porteurs d’avenir. Elle cherche à leur offrir un espace sain qui stimule l’imagination, le plaisir d’apprendre, la créativité, et surtout leur permet de rester enfants.

La collection de la bibliothèque est éclectique : littérature, droit, sciences religieuses, ouvrages en anglais, poésie, et un large choix de livres jeunesse — certains racontant la vie des ancêtres, d’autres traitant des valeurs humaines ou abordant des questions éducatives adaptées aux enfants.

Dans un contexte de tensions et d’obstacles quotidiens, l’initiative d’Abeer apparaît comme une lueur. Au cœur de la vieille ville, une bibliothèque est née — et avec elle, des rêves nouveaux.

Elle conclut en appelant les habitants à redécouvrir la vieille ville et à visiter sa bibliothèque. « Venez avec vos enfants. Lisez. La lecture est la nourriture de l’esprit », dit-elle.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre du programme Qarib, mis en œuvre par l’agence française CFI avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD).

 

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